L'un des aspects qui m'a le plus touché - et je ne suis pas le seul,si j'en juge à l'avis de Grégory Valens paru dans le Positif de Décembre 2007 - dans le dernier film d'Argento c'est sa façon d'intégrer toute une imagerie d'un cinéma disparu,le Fantastique italien des années 60 à 80; nombre de personnages,scènes et plans du film renvoyant en effet directement à l'âge d'or du cinéma transalpin.
Mario Bava ouvre et conclue le métrage avec la "Villa Graps" et la goutte de sang du MASQUE DU DEMON qui redonne vie aux deux sorcières du film (Mater Lachrymarum/Moran Atias et Sarah Mandy/Asia Argento) et on a également l'impression qu'Argento après PELTS à complètement assimilé l'esthétique de Fulci,tant MOTHER OF TEARS regorge de citations explicites au poète du macabre.
Le flic assassiné dans le train pleure des larmes de sang à l'instar de la jeune fille de FRAYEURS,Coralina Cataldi Tassoni est éviscérée à la façon du Dr Freudstein,Philippe Leroy et son assistant sont enchaînés et suppliciés comme dans L'AU DELA et enfin l'image finale renvoie directement aux opus zombiesques de Fulci:
Comme dans FRAYEURS,Sarah et le policier Enzo s'échappent des catacombes par un trou dans le sol,la dernière image des deux films se figeant sur le (sou)rire ambigu des protagonistes et comme dans L'AU DELA,les deux survivants repoussent un temps les forces du Mal (sorcières ou zombies) pour terminer leurs chemins de croix dans une zone indistincte et surréaliste ( "l'au delà" figuré par le peintre maudit Sweick et où David Warbeck et Catriona McColl finissaient zombifiés et dans MOTHER OF TEARS les ruines de Rome où échouent Sarah Mandy et Enzo,hystériques et incrédules).
C'est toutefois par le truchement du personnage incarné par sa fille Asia qu'Argento achève de faire de son film une oeuvre référentielle de l'horreur à l'italienne en s'autocitant à de nombreuses reprises,comme il le fit précédemment avec LE SANG DES INNOCENTS,qui "compilait" d'une certaine façon la veine "giallesque" du cinéaste.
MOTHER OF TEARS semble en effet remonter le temps en passant en revue la quasi totalité de la filmographie du réalisateur:
Sarah Mandy panique dans la cage d'escalier de son immeuble soudainement plongé dans les ténèbres (L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL),voit son âme auscultée à travers sa rétine (4 MOUCHES DE VELOURS GRIS),erre dans les tréfonds de la demeure maudite lors d'un très beau et long plan séquence (David Hemmings découvrant la villa de PROFONDO ROSSO),est conduite en taxi à travers la ville peuplée d'ombres menaçantes (SUSPIRIA et INFERNO),se réfugie momentanément dans une cabine téléphonique telle la Cristina Marsillach d'OPERA et achève son voyage initiatique dans un bain de cadavres (PHENOMENA),émergeant finalement victorieuse (??) dans une Rome désertée et surréaliste pour mieux sombrer dans la folie (le fou rire mystérieux et ambigu de Sarah rappelant le sourire énigmatique de Jessica Harper lors de la conclusion de SUSPIRIA) !
Philippe Leroy incarne quant à lui un double ironique du Varelli d'INFERNO,piégeant d'abord sa victime comme le fit autrefois Feodor Chaliapin Jr avec Leigh McCloskey mais épargnant cette fois-ci sa proie Sarah Mandy en l'aidant même à accomplir sa destinée,présentant à la jeune femme le livre des 3 Mères qui avait disparu dans le brasier final d'INFERNO.
L'exhumation du vieux grimoire est d'ailleurs l'un des passages les plus touchants du film,avec cette nette impression de revivre,presque 30 ans après,les premières images d'INFERNO,la mélodie au piano de Simonetti accompagnant les gros plans des caractères du livre et ravivant même le souvenir de la fameuse partition tourmentée de Keith Emerson.
La filmographie plus récente du Maestro est quant à elle présente principalement par le biais de brèves citations de JENIFER et LE SANG DES INNOCENTS:
Les sorcières dévorant le jeune fils de Michael Pierce/Adam James dans un festin baroque digne de SUSPIRIA et INFERNO (les couleurs saturées du repaire de Mater Lachrymarum s'inspirant alors des travaux de Luciano Tovoli et Romano Albani) nous renvoient directement à l'image choquante de Carrie Anne Fleming surprise en compagnie de son repas asiatique (!) par Steven Webber dans JENIFER et LE SANG DES INNOCENTS est cité dans une nouvelle scène d'angoisse ferroviaire (avec la même contre-plongée sur le néon du plafond du train!) et par la présence de Massimo Sarchielli -déjà vagabond dans NON HO SONNO- qui hante toujours les maisons délabrées,en l'occurrence le palace "Villa Graps" (OPERATION PEUR) de Mater Lachrymarum après la villa De Fabritiis!
Enfin,après nous avoir tant fait remémorer l'apogée du Fantastique italien avec les renvois multiples au cinéma de Bava,Fulci,Caiano,Deodato et de...lui même,Argento lorgne du côté de ses collègues et amis américains John Carpenter et George Romero,les deux autres papys de l'horreur s'invitant l'espace de quelques brèves séquences dans la vaste "tapisserie" cinéphilique de MOTHER OF TEARS:
Le prêtre inquiet,examinant l'urne dans l'ouverture de MOTHER OF TEARS calque le Donald Pleasance de PRINCE DES TENEBRES,perplexe face à sa clé,et les clochards inquiétants cernant l'église de ce dernier film sont remplacés dans le film d'Argento par des sorcières gothiques menaçant à deux reprises la vie de Michael Pierce.
Les scènes d'hystérie collective qui ponctuent par "inserts" le dernier long métrage d'Argento renvoient directement quant à elles aux apocalypses de L'ANTRE DE LA FOLIE et de THE CRAZIES (LA NUIT DES FOUS VIVANTS)...
Mario Bava ouvre et conclue le métrage avec la "Villa Graps" et la goutte de sang du MASQUE DU DEMON qui redonne vie aux deux sorcières du film (Mater Lachrymarum/Moran Atias et Sarah Mandy/Asia Argento) et on a également l'impression qu'Argento après PELTS à complètement assimilé l'esthétique de Fulci,tant MOTHER OF TEARS regorge de citations explicites au poète du macabre.
Le flic assassiné dans le train pleure des larmes de sang à l'instar de la jeune fille de FRAYEURS,Coralina Cataldi Tassoni est éviscérée à la façon du Dr Freudstein,Philippe Leroy et son assistant sont enchaînés et suppliciés comme dans L'AU DELA et enfin l'image finale renvoie directement aux opus zombiesques de Fulci:
Comme dans FRAYEURS,Sarah et le policier Enzo s'échappent des catacombes par un trou dans le sol,la dernière image des deux films se figeant sur le (sou)rire ambigu des protagonistes et comme dans L'AU DELA,les deux survivants repoussent un temps les forces du Mal (sorcières ou zombies) pour terminer leurs chemins de croix dans une zone indistincte et surréaliste ( "l'au delà" figuré par le peintre maudit Sweick et où David Warbeck et Catriona McColl finissaient zombifiés et dans MOTHER OF TEARS les ruines de Rome où échouent Sarah Mandy et Enzo,hystériques et incrédules).
C'est toutefois par le truchement du personnage incarné par sa fille Asia qu'Argento achève de faire de son film une oeuvre référentielle de l'horreur à l'italienne en s'autocitant à de nombreuses reprises,comme il le fit précédemment avec LE SANG DES INNOCENTS,qui "compilait" d'une certaine façon la veine "giallesque" du cinéaste.
MOTHER OF TEARS semble en effet remonter le temps en passant en revue la quasi totalité de la filmographie du réalisateur:
Sarah Mandy panique dans la cage d'escalier de son immeuble soudainement plongé dans les ténèbres (L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL),voit son âme auscultée à travers sa rétine (4 MOUCHES DE VELOURS GRIS),erre dans les tréfonds de la demeure maudite lors d'un très beau et long plan séquence (David Hemmings découvrant la villa de PROFONDO ROSSO),est conduite en taxi à travers la ville peuplée d'ombres menaçantes (SUSPIRIA et INFERNO),se réfugie momentanément dans une cabine téléphonique telle la Cristina Marsillach d'OPERA et achève son voyage initiatique dans un bain de cadavres (PHENOMENA),émergeant finalement victorieuse (??) dans une Rome désertée et surréaliste pour mieux sombrer dans la folie (le fou rire mystérieux et ambigu de Sarah rappelant le sourire énigmatique de Jessica Harper lors de la conclusion de SUSPIRIA) !
Philippe Leroy incarne quant à lui un double ironique du Varelli d'INFERNO,piégeant d'abord sa victime comme le fit autrefois Feodor Chaliapin Jr avec Leigh McCloskey mais épargnant cette fois-ci sa proie Sarah Mandy en l'aidant même à accomplir sa destinée,présentant à la jeune femme le livre des 3 Mères qui avait disparu dans le brasier final d'INFERNO.
L'exhumation du vieux grimoire est d'ailleurs l'un des passages les plus touchants du film,avec cette nette impression de revivre,presque 30 ans après,les premières images d'INFERNO,la mélodie au piano de Simonetti accompagnant les gros plans des caractères du livre et ravivant même le souvenir de la fameuse partition tourmentée de Keith Emerson.
La filmographie plus récente du Maestro est quant à elle présente principalement par le biais de brèves citations de JENIFER et LE SANG DES INNOCENTS:
Les sorcières dévorant le jeune fils de Michael Pierce/Adam James dans un festin baroque digne de SUSPIRIA et INFERNO (les couleurs saturées du repaire de Mater Lachrymarum s'inspirant alors des travaux de Luciano Tovoli et Romano Albani) nous renvoient directement à l'image choquante de Carrie Anne Fleming surprise en compagnie de son repas asiatique (!) par Steven Webber dans JENIFER et LE SANG DES INNOCENTS est cité dans une nouvelle scène d'angoisse ferroviaire (avec la même contre-plongée sur le néon du plafond du train!) et par la présence de Massimo Sarchielli -déjà vagabond dans NON HO SONNO- qui hante toujours les maisons délabrées,en l'occurrence le palace "Villa Graps" (OPERATION PEUR) de Mater Lachrymarum après la villa De Fabritiis!
Enfin,après nous avoir tant fait remémorer l'apogée du Fantastique italien avec les renvois multiples au cinéma de Bava,Fulci,Caiano,Deodato et de...lui même,Argento lorgne du côté de ses collègues et amis américains John Carpenter et George Romero,les deux autres papys de l'horreur s'invitant l'espace de quelques brèves séquences dans la vaste "tapisserie" cinéphilique de MOTHER OF TEARS:
Le prêtre inquiet,examinant l'urne dans l'ouverture de MOTHER OF TEARS calque le Donald Pleasance de PRINCE DES TENEBRES,perplexe face à sa clé,et les clochards inquiétants cernant l'église de ce dernier film sont remplacés dans le film d'Argento par des sorcières gothiques menaçant à deux reprises la vie de Michael Pierce.
Les scènes d'hystérie collective qui ponctuent par "inserts" le dernier long métrage d'Argento renvoient directement quant à elles aux apocalypses de L'ANTRE DE LA FOLIE et de THE CRAZIES (LA NUIT DES FOUS VIVANTS)...