mardi 2 septembre 2008

Olivier Père et Grégory Valens à propos de MOTHER OF TEARS

Le directeur de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes,Olivier Père, s'exprimait en Octobre 2007 dans le numéro 63 de la revue italienne Nocturno sur le dernier film d'Argento qu'il venait juste de visionner au festival de Toronto (Septembre 2007).

Voici la traduction (un peu approximative,oops et désolé!) de sa critique:


" Au festival de Toronto 2007,on a pu voir en avant-première mondiale,dans la section "Midnight Madness",les nouveaux films des maîtres de l'horreur: George A.Romero et Dario Argento.

Le délicieusement illogique,peut-être contradictoire,mais très divertissant MOTHER OF TEARS/LA TERZA MADRE de Dario Argento est l'ultime chapitre de sa trilogie consacrée à la sorcellerie,dans lequel le réalisateur italien retrouve en partie le style élégant de SUSPIRIA et INFERNO. Asia Argento,de nouveau en péril entre les mains de son réalisateur de père,voltige avec grâce au milieu des sorcières et démons décidés à semer la zizanie et le chaos dans les rues de Rome.

Très attendu,LA TERZA MADRE confirme (peut-être) l'impossibilité d'Argento à retrouver les sommets somptueux et terrifiants de ses chefs-d'oeuvre baroques des années 70,mais rassure sur son désir de cinéma et son inspiration sadique,après les déceptions du SANG DES INNOCENTS,LE FANTOME DE L'OPERA et VOUS AIMEZ HITCHCOCK?.

Ce que le nouveau film d'Argento a perdu en sophistication poétique il l'a en effet regagné en brutalité,en folie et en rapidité.
Le film est dans le même temps un monument au Grand-Guignol, délirant dans ses excès en tous genres, et une réflexion sur les tensions sociales que nous vivons. C'est ce qu'a voulu montrer Argento de notre société contemporaine,submergée par la violence et profondément chaotique.
Vision du monde ou vision de l'esprit?

LA TERZA MADRE est également l'expression d'un repli sur les obssessions et univers intimes,avec une certaine complaisance et même un orgueil palpable.
Ce combat entre la magie noire et la magie blanche se déroule dans un monde parallèle au nôtre,dans des maisons et des appartements aux murs couverts de livres,et les images furtives d'une Rome mise à feu et à sang nous amènent à penser que le réalisateur n'est plus forcément intéressé par la ville riche d'Histoire qui fut le scénario de quelques-uns de ses classiques.

Ce qui surprend le plus,dans LA TERZA MADRE,c'est son rythme trépidant,en contradiction avec les atmosphères "pesantes" de SUSPIRIA et INFERNO.
Le nouveau film d'Argento est une course-poursuite folle,construite sur le principe de l'association d' idées et de la multiplication de personnages secondaires qui fit le succès des deux précédents chapitres du cycle des Trois Mères.
Par moments les choses vont tellement vite qu'on a presque l'impression qu'Argento a assimilé l'esprit "pulp" de Quentin Tarantino (en particulier KILL BILL volume 1 & 2) ,truffant le rythme frénétique du film de figures délirantes comme les horribles sorcières/top model qui se comportent à la gare Termini comme si elles défilaient sur un podium.

Impossible à résumer, LA TERZA MADRE introduit,comme plus d'une fois annoncé, les morts violentes les plus sanguinaires, dans un catalogue d'éventrements, d'empalements et d'égorgements qui coupe le souffle même aux spectacteurs les plus blasés.

A l'occasion de la première projection du film à Toronto,le jour (ou mieux,la nuit!) de son anniversaire, Dario en compagnie d'Asia se laissa aller à quelques commentaires hilares sur son dernier film, en particulier sur les sorcières "belles,nues,lesbiennes" (et "sans poils pubiens" comme ajouta Asia).
Argento expliqua même la présence dans son film d'un petit singe,méchant comme la peste,qui tourmente la pauvre Asia à de nombreuses occasions:

"S'il y a des hommes et des femmes sorciers, pourquoi n'y aurait-il pas également des animaux sorciers? Les singes sont méchants,ils veulent toujours mordre. Ce sont des animaux anarchiques,c'est pour cela que je les adore."



Toujours au festival de Toronto, le rédacteur Grégory Valens consacra quelques lignes à MOTHER OF TEARS dans la revue Positif de Décembre 2007 (numéro 562):

" Dario Argento n'est visiblement plus en phase avec son époque, lui qui dans l'extrêmement stylisé THE MOTHER OF TEARS (LA TERZA MADRE) s'adresse avant tout à ses fans irréductibles et aux nostalgiques de l'épouvante italienne.

Délibérément kitsch ( avec une remarquable utilisation des intérieurs et des extérieurs romains), difficile à suivre sur le plan narratif,les ellipses et les raccourcis cousus de fil blanc échappant à toute logique, THE MOTHER OF TEARS, conclusion d'une trilogie initiée par SUSPIRIA et INFERNO, semble tout droit sortir d'une malle où l'on aurait découvert des bobines inédites d'un Argento "seventies". N'était-ce pour la présence (lumineuse,dans la meilleure collaboration avec son père après LE SYNDROME DE STENDHAL) d'Asia Argento et l'utilisation des téléphones portables, on s'y croirait.
En quelque sorte, Argento réalise ici son PARRAIN, 3EME PARTIE ( la continuité stylistique impressionne tout autant). Idée de séance: projeter la trilogie."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Suis on ne peut plus d'accord avec cette analyse là, le fait que ce soit anachronique et qu'Argento ne fait plus de l'Argento comme à ses premières heures.